pdf Le 20ème anniversaire de l'ACAP (6.16 MB)
L’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels, ou l’ACAP, est un accord multilatéral qui cherche à conserver les albatros et les pétrels en coordonnant les activités internationales visant à atténuer les dangers connus qui menacent ces populations.
L’Accord a commencé à se développer en 1999. Il a rapidement été établi avec seulement deux réunions nécessaires pour adopter le texte. Seize pays et cinq organisations internationales ont assisté à ces réunions tenues à Hobart, Australie et à Cape Town, Afrique du Sud. L’ACAP a été ouvert à la signature à Canberra, Australie le 19 juin 2001 et est entré en vigueur le 1er février 2004, date à laquelle toutes les espèces d’albatros de l’hémisphère sud et sept espèces de pétrels ont été recensées sous ses auspices. Actuellement (janvier 2014), l’Accord compte 13 parties : l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Chili, l’Equateur, la France, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Pérou, l’Afrique du Sud, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Uruguay. Le Secrétariat de l’Accord se trouve à Hobart, Tasmanie, Australie. L’ACAP est soutenu par un petit Secrétariat constitué d’un Secrétaire exécutif, d’un Agent scientifique et d’un Responsable de la communication à titre honoraire.
La Première session de la Réunion des Parties (RdP1) s’est tenue en novembre 2004 à Hobart, précédée par une Réunion scientifique de deux jours. L’issue de RdP1 a permis la création d’un Comité consultatif pour guider la mise en œuvre de l’Accord. Le Comité consultatif est soutenu par trois groupes de travail : le Groupe de travail sur le statut des populations et de la conservation, le Groupe de travail sur la capture accessoire des oiseaux de mer et le Groupe de travail sur la taxonomie. Les sessions de la Réunion des Parties ont habituellement lieu tous les trois ans, et la réunion du Comité consultatif et de ses Groupes de travail les années intermédiaires.
Les espèces protégées par l’ACAP
L’ACAP se concentre sur quelque espèce, sous-espèce, ou population d’albatros ou de pétrels énumérées dans l’Annexe 1. Elle regroupe actuellement toutes les 22 espèces mondiales d’albatros de quatre genres, les sept espèces de pétrels des genres Macronectes (deux espèces de pétrels géants) et Procellaria et une seule espèce de puffin du genre Puffinus, toutes faisant partie de l’ordre aviaire à narines tubulaires Procellariiformes. Vingt des espèces recensées sont considérées comme menacées à l’échelle mondiale, statut qui s’étend de En danger critique d’extinction (quatre espèces), En danger (cinq espèces), et jusqu’à Vulnérable (11 espèces). Huit espèces sont considérées comme Quasi menacées et seulement deux des trente espèces recensées par l’ACAP (les deux pétrels géants) sont considérées comme de Préoccupation mineure.
Lors de la Troisième Session de la Réunion des Parties, tenue en Norvège en 2009, les trois albatros du Pacifique Nord (l’albatros à queue courte Phoebastria albatrus, le puffin de Laysan P. immutabilis et le puffin à pieds noirs P. nigripes) ont été ajoutées à l’Accord. Lors de la Quatrième Session de la Réunion des Parties, tenue au Pérou en 2012, le puffin des Baléares, Puffinus mauretanicus, endémique à la Mer Méditerranée, a été ajouté à l’Accord, faisant passer le nombre total d’espèces actuellement recensées par l’Accord à 30.
Les menaces principales des albatros et des pétrels
La menace la plus grave à laquelle les albatros et les pétrels font face est la mortalité résultant des interactions avec les équipements de pêche, particulièrement lors des opérations palangrières et chalutières. Les prédateurs introduits, les maladies, la perte d’habitat et la perturbation humaine peuvent menacer les oiseaux sur leurs sites de reproduction. L’Accord représente le foyer de la coopération internationale et de l’échange d’informations et de connaissances. Le Plan d’action joint à l’Accord propose un cadre d’intervention permettant la mise en place de mesures efficaces de conservation de ces oiseaux de mer menacés aussi bien sur terre qu’en mer.
Bien que des nations prennent des mesures de manière individuelle afin de protéger les albatros et les pétrels, une coopération internationale est également nécessaire. Les albatros et les pétrels sont sujets aux menaces dans leurs vastes aires de migration qui s’étendent au-delà des frontières nationales jusqu’aux eaux internationales, et il est peu probable que des actions de la part d’une seule nation soient efficaces pour améliorer leur statut de conservation à l’échelle mondiale. Une coopération internationale pour la conservation des albatros et des pétrels renforce donc les perspectives de réussite des mesures de conservation à travers leurs aires de migration.
Que fait l’ACAP ?
Le passage en revue des statuts et des tendances des populations de toutes les espèces inscrites à l’ACAP constitue un domaine essentiel du travail de l’Accord. Il est réalisé grâce à l’administration d’une base de données internationale et à la création d’une série d’Évaluations des espèces. Ces évaluations identifient les lacunes dans les connaissances des espèces et offrent des informations à jour sur la répartition de chaque espèce, les menaces auxquelles chacune de ces populations font face et les mesures de conservation en place afin de les protéger. De plus, l’ACAP a développé des Lignes directrices de biosécurité et de quarantaine pour les sites de reproduction ; des Lignes directrices pour l’éradication de mammifères introduits d’origine insulaire ; des Conseils en matière de bonnes pratiques pour atténuer les captures accessoires d’oiseaux de mer dans les opérations de pêcheries et un Plan d’action pour la conservation de l’Albatros des Galapagos Phoebastria irrorata sur les îles Galapagos en Équateur.
Le financement de projets de recherche, le soutien des initiatives de renforcement de capacités, la sensibilisation du public concerné face à la situation déplorable qui menace les albatros et les pétrels font partie des autres activités menées par l’ACAP. Ces activités sont réalisées grâce à la diffusion d’informations via les publications quotidiennes des actualités de l’ACAP sur le site Internet de l’Accord (www.acap.aq) et sur sa page Facebook. Ces informations incluent des séries de comptes rendus illustrés des sites de reproduction de l’ACAP, de brefs rapports concernant les enquêtes sur le terrain, des activités de gestion, des conférences et diverses réunions, des extraits de publications scientifiques ou de vulgarisation et des critiques de livres.
L’Accord a travaillé avec des Organisations régionales de la gestion des pêches thonière (ORGPt), la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR) et d’autres organisations pertinentes de gestion des pêcheries pour encourager l’adoption des mesures de bonnes pratiques d’atténuation afin de réduire la mortalité des oiseaux de mer dans les pêcheries palangrières des eaux internationales en dehors des juridictions nationales (les mers hauturières). Au cours des dernières années, presque toutes les ORGPt ont adopté des mesures de conservation en prenant en compte les recommandations de bonnes pratiques de l’ACAP en matière d’atténuation de la capture accessoire des oiseaux de mer dans les pêcheries palangrières pélagiques (une combinaison de pose de nuit, de lestage et de dispositifs d’effarouchement). L’ACAP a aussi travaillé à la réduction de la mortalité des oiseaux de mer dans les pêcheries chalutières et autres pêcheries où a lieu la capture accessoire des oiseaux de mer.
Il reste encore beaucoup à faire. Un défi majeur est d’obtenir des données précises sur le lieu et le nombre d’oiseaux de mer saisis par la capture accessoire lors des opérations de pêcheries afin d’aider à la mise en œuvre efficace des mesures de conservation. Un autre défi est de requérir la participation active de ces États de l’aire de répartition qui, à ce jour, ne participent pas à l’effort de l’Accord. Toutefois, les objectifs de l’ACAP d’atteindre et de maintenir un statut de conservation favorable pour les albatros et les pétrels peuvent seulement être accomplis grâce à une telle coopération.
28 janvier 2014